L'Institut national du service public (INSP) et les écoles d’ingénieurs

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Les grands corps de l’État regroupent les corps techniques (ingénieurs) et les corps administratifs (administrateurs de l’État, conseillers d’État, etc.). Les quatre grands corps techniques sont les suivants : 

  • le corps des ingénieurs des mines, relevant du ministre chargé de l’économie ;
  • le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF), relevant des ministres chargés de l’agriculture et du développement durable ;
  • le corps des administrateurs de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), relevant du ministre chargé de l’économie ;
  • le corps militaire des ingénieurs de l’armement (IA), relevant du ministre chargé de la défense.

Le corps des administrateurs de l’État a mis en place un parcours de formation initiale assuré par l’Institut national du service public (INSP).

Quant aux grands corps techniques de l'État, chaque corps a mis en place un parcours de formation initiale pour ses nouveaux membres, basé sur l’acquisition de compétences clés dans les domaines d’expertise du corps. Assuré par 7 grandes écoles d’ingénieurs (Mines Paris – PSL, Télécom Paris, ENPC, AgroParisTech, ENSAE, ENSTA et ISAE-SUPAERO) selon le corps d’appartenance, ce parcours propose un contenu et une durée adaptés au parcours antérieur de l’élève.

Les enseignements évoluent régulièrement pour répondre aux besoins des employeurs et aux nouveaux enjeux économiques, internationaux ou encore sociétaux. La participation des corps à la gouvernance des écoles contribue ainsi à la bonne prise en compte de besoins spécifiques propres à l’État.

L’INSP a succédé le 1er janvier 2022 à l’École nationale d’administration (ENA), dans le cadre de la réforme de l’encadrement supérieur de l’État. Le décret n° 2021-1556 du 1er décembre 2021 relatif à l’organisation et au fonctionnement de l’INSP fixe ses missions. 

Sa tutelle relève de la DIESE. Outre son conseil d’administration, l’Institut est appuyé par un conseil pédagogique, un conseil scientifique et un comité financier.
 

L’organisation et le fonctionnement de l’Institut national du service public sont décrites dans le décret n° 2021-1556 du 1er décembre 2021

 

Recrutement

L’INSP a pour première mission d’organiser les concours d’accès à sa formation initiale et les préparations associées. Elle veille à la diversification des profils de recrutement  :

  • en participant activement au déploiement du plan « Talents du service public » grâce aux classes préparatoires et au concours réservé aux élèves boursiers ;
  • en modernisant et réformant l’ensemble de ses concours d’accès, aussi bien les épreuves écrites (admissibilité) que les épreuves orales (admission).

Formation initiale

L’INSP a pour deuxième mission d’assurer la formation initiale des élèves issus de ses concours. Elle s’inscrit dans une logique de développement des compétences, d’individualisation et de professionnalisation mais aussi de décloisonnement en développant une culture commune de l’action publique :

  • en coordonnant la mise en place des enseignements communs aux écoles de service public qui destinent aux corps de l’encadrement supérieur ;
  • en structurant le cursus de formation initiale autour de méthodes pédagogiques innovantes et opérationnelles, qui s’appuient notamment sur le numérique.

À compter de 2025, la procédure de sortie des élèves se base sur un processus d’appariement permettant de conjuguer les besoins des employeurs et les aspirations des élèves.

Formation continue

La troisième mission de l’INSP est de mettre en œuvre une offre de formation professionnelle continue d’excellence – y compris diplômante ou certifiante – destinée aux personnes exerçant ou ayant vocation à exercer des emplois de direction de l’État ou des fonctions d’encadrement supérieur.

Une mission a été confié par le Premier ministre à trois inspections en juillet 2024, portant sur le développement de cette activité par l’Institut. Il a été déposé en février 2025. La suite des recommandations est à l’étude.

Recherche

La quatrième mission de l’INSP est de conduire et financer des activités de recherche dans les domaines de l’action publique. L’objectif est de renforcer les liens entre les politiques publiques, la recherche et le monde universitaire, pour concevoir des enseignements ouverts aux dernières avancées scientifiques et aux évolutions de la société.

International

La cinquième et dernière mission de l’INSP est de contribuer au rayonnement européen et international de la France par la valorisation et la diffusion de la recherche, des formations et des expertises de l’administration française et l’accueil d’étudiants étrangers.

Membre de l’université Paris Sciences & Lettres, Mines Paris – PSL forme des ingénieurs généralistes de très haut niveau capables de résoudre des problèmes complexes dans des champs très variés. Alliant théorie et pratique, le cursus de formation ingénieur offre, d’une part, des cours de haut niveau scientifique dispensés par des enseignants proches à la fois du monde de la recherche et de l’entreprise, et d’autre part un grand nombre d’enseignements d’ouverture en sciences économiques, humaines et sociales.

L’École assure la formation des ingénieurs-élèves du corps des mines, fondée sur un investissement personnel approfondi et l’acquisition de connaissances scientifiques et techniques, visant à doter les jeunes ingénieurs d’une forte légitimité professionnelle. La formation se déroule en trois ans et laisse une grande part aux missions en entreprise et aux travaux personnels. Elle a pour but de développer chez les jeunes ingénieurs la connaissance de la réalité du monde économique et des attentes de la société, dans un contexte mondialisé, ainsi que la compréhension du fonctionnement de l’État et de la gouvernance internationale.

En savoir plus sur les mines

Télécom Paris, au sein de l’Institut Mines-Télécom, est une grande école d’ingénieurs généralistes, dont la raison d’être est de former, d’imaginer et d’entreprendre pour concevoir des modèles, des technologies et des solutions numériques au service d’une société et d’une économie respectueuses de l’humain et de son environnement : intelligence artificielle, big data, machine learning, objets connectés (IoT), cloud computing, informatique quantique, réseaux mobiles 5G, blockchain, cybersécurité, etc.

La formation des ingénieurs-élèves du corps des mines vient outiller les élèves pour mener deux grandes transitions du XXIe siècle : la transition énergétique et écologique et la transformation numérique. En plus d’un tronc commun pour comprendre, négocier et agir, de rencontres avec des acteurs de terrain et des décideurs, les élèves peuvent approfondir ces transitions à l’occasion de leurs missions en entreprise, mémoire et périodes scientifique et technique.

Les deux écoles, Mines Paris – PSL et Télécom Paris, sont associées et participent aux différentes activités pédagogiques du cursus.

En savoir plus sur Télécom Paris

L’École nationale des ponts et chaussées forme des ingénieurs ayant vocation à imaginer, co-construire et déployer les solutions qui permettront à chacun de se loger, de se déplacer, de s’éduquer et se cultiver, d’être en bonne santé et de participer à la vie économique et ce, dans le respect de la biosphère. Elle allie une formation scientifique et technique poussée, la formation par projets et sur le terrain, l’acquisition de compétences managériales, humaines et sociales et l’aptitude à travailler en équipe et à l’international.

L’École nationale des ponts et chaussées forme les ingénieurs du corps des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) en lien avec AgroParisTech.

La formation des ingénieurs-élèves dure un ou deux ans selon leur formation antérieure :

  • les élèves issus de l’École polytechnique et des écoles normales supérieures recrutés en 3e année font deux années de formation : l’année 1 en formation complémentaire intégrée à l’École nationale des ponts et chaussées, AgroParisTech ou une autre formation spécialisée, l’année 2 en formation de préparation aux premiers postes d’IPEF. Les ingénieurs-élèves suivent dans la très grande majorité des cas le mastère spécialisé « Politiques et actions publiques pour le développement durable » (MS PAPDD) ;
  • les élèves issus des concours AgroParisTech, des autres grandes écoles scientifiques et les lauréats du concours interne font uniquement l’année 2 de préparation aux premiers postes d’IPEF (le MS PAPDD dans la très grande majorité des cas).
     

En savoir plus sur les ponts et chaussée

AgroParisTech propose un cursus de formation d’ingénieur pour les sciences et technologies du vivant et de l’environnement permettant d’acquérir des compétences dans l’un au moins des quatre domaines suivants :

  • productions, filières, territoires pour le développement durable ;
  • ingénierie des aliments, biomolécules et énergie ;
  • gestion et ingénierie de l’environnement ;
  • ingénierie et santé : homme, bioproduits, environnement.

AgroParisTech forme les ingénieurs du corps des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) en lien avec l’École nationale des ponts et chaussées.

La formation des ingénieurs-élèves dure un ou deux ans selon leur formation antérieure :

  • les élèves issus de l’École polytechnique et des écoles normales supérieures recrutés en 3e année font deux années de formation : l’année 1 en formation complémentaire intégrée à AgroParisTech, l’École nationale des ponts et chaussées  ou une autre formation spécialisée, l’année 2 en formation de préparation aux premiers postes d’IPEF. Les ingénieurs-élèves suivent dans la très grande majorité des cas le mastère spécialisé « Politiques et actions publiques pour le développement durable » (MS PAPDD) ;
  • les élèves issus des concours AgroParisTech, des autres grandes écoles scientifiques et les lauréats du concours interne font uniquement l’année 2 de préparation aux premiers postes d’IPEF (le MS PAPDD dans la très grande majorité des cas).


En savoir plus sur AgroParisTech

L’ENSAE Paris est la grande école d’ingénieur de référence en statistique et science des données, économie et sociologie quantitatives, finance et actuariat. Les compétences clés délivrées aux élèves de l’ENSAE Paris sont la capacité à donner du sens aux données pour éclairer les décisions des entreprises et des institutions publiques, en mobilisant les méthodes statistiques, les algorithmes et les outils informatiques les plus récents, conjointement avec la modélisation des phénomènes économiques et sociaux.

L’ENSAE Paris assure la formation initiale des administrateurs de l’Insee, qu’ils soient issus de l’École polytechnique, des écoles normales supérieures, du concours externe ou du concours interne. Les administrateurs sont admis en 2e année ou en 3e année sur décision du directeur des études, selon leur parcours antérieur et s’ils ne sont pas déjà diplômés de l’ENSAE Paris.

La formation scientifique pluridisciplinaire de haut niveau en sciences sociales et mathématiques appliquées trouve son origine dans la spécificité de l’INSEE, dont les missions combinent les études économiques et la production statistique.

En savoir plus sur l’ENSAE

L’ENSTA, membre de l’Institut Polytechnique de Paris, est présente sur le campus Paris-Saclay à Palaiseau ainsi que dans l'écosystème académique et entrepreneurial du Grand Ouest par son campus à Brest. Elle combine ainsi les forces et expertises des deux campus, en formation et en recherche, pour relever les défis stratégiques de souveraineté dans un monde en quête de transformation et d’adaptation aux grands défis sociétaux : énergies durables, transports et mobilités, défense et sécurité, numérique, maritime, spatial, santé, etc.

L’ENSTA recrute chaque année des élèves issus de l’École polytechnique, en particulier des ingénieurs de l'armement, en 3e année. Plusieurs parcours sont proposés aux ingénieurs de l’armement en formation dans les domaines de l’ingénierie mathématique (finance quantitative, modélisation et simulation, sciences de l’optimisation et des données, mathématiques pour la santé et l’environnement), des sciences de l’information (robotique, cybersécurité, systèmes d’information, IA) ou encore de la mobilité et de l’énergie (génie maritime, nucléaire, production et gestion de l’énergie, mobilités intelligentes et durables, systèmes pyrotechniques).

Pour leur dernière année de formation, les nouveaux ingénieurs de l’armement effectuent, avant leur prise de poste, une formation administrative et militaire, organisée par la DGA et le CGARM avec le soutien de l’ENSTA. Elle comprend des conférences et des visites, un stage en préfecture ainsi que la participation au tronc commun de formation de la haute fonction publique dispensé par l’INSP.

En savoir plus sur l’ENSTA

L’ISAE-SUPAERO est l’un des leaders mondiaux de l’enseignement supérieur dans l’ingénierie aérospatiale. Il forme des ingénieurs généralistes pour les secteurs de l’aéronautique, du spatial et d’autres secteurs industriels tels que les mobilités (naval, ferroviaire, etc.), qui doivent allier une solide culture scientifique à une maitrise des savoirs techniques, et à des compétences dans les domaines économiques et des relations humaines. 

Les ingénieurs du corps de l’armement sont admis en 3e année du cycle ingénieur où ils pourront suivre des enseignements dans différents domaines d’application : conception et opération des aéronefs, conception et opération des systèmes spatiaux, modélisation de systèmes complexes et simulation, systèmes autonomes (robots, drones, systèmes spatiaux), énergie, transports et environnement, neuroergonomie-IA. Ils y mènent un projet de fin d’études, effectué en entreprise ou dans un laboratoire de recherche, où ils pourront mettre en application les connaissances acquises dans le cadre des enseignements scientifiques et du tronc commun ingénierie et entreprise, qui englobent les techniques de l’ingénierie système, le management stratégique et la gestion de projet.

La 5e année de formation, commune avec les IA formés à l’ENSTA, leur permet de se préparer à travailler dans les secteurs de souveraineté liés à l’armement.

En savoir plus sur l’ISAE-SUPAERO